Commission : Ensemble, changeons les modèles !

Le point de vue de… Florence Naneix, de la Commission « Changeons les modèles » !

La parité en entreprise : mythe ou réalité ?

Cela reste encore un mythe, même si on n’a jamais autant agi en faveur de l’égalité hommes-femmes » depuis la loi Copé-Zimmermann. Certes, les lignes bougent, mais très lentement. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2018, les femmes ne représentaient que 27 % des dirigeants d’entreprise. Et, la même année, elles étaient 30 % à travailler à temps partiel contre à peine 8 % pour les hommes…
Pourquoi, au 21e siècle, une femme doit-elle toujours choisir entre mener une carrière ou avoir des enfants ? Et je n’évoque même pas les écarts de salaires hommes/femmes pour des postes équivalents… Malgré le cadre législatif, beaucoup de chemin reste à parcourir : certaines entreprises préfèrent payer les amendes plutôt que d’observer la parité, d’autres n’hésitent pas à délocaliser leurs sièges sociaux pour échapper à l’égalité homme-femmes au sein de leurs comités de surveillance. Il faut réellement changer les modèles et éveiller les consciences. Les femmes sont tout aussi capables de diriger, en apportant, en plus des qualités d’écoute et de tolérance.

Comment expliquer ces disparités ?

Les racines sont profondes et naissent sur les bancs de l’école, avec de nombreux stéréotypes et biais de genre. Ainsi, dès le plus jeune âge, les métiers sont genrés : on ne parle pas d’électricienne ou de plombière… C’est forcément masculin ! Il y a un gros travail de sensibilisation à mener auprès des enfants, et il nous faut déconstruire les clichés un à un.
Dans l’imaginaire collectif, les femmes sont à l’origine du monde et doivent devenir mères. Or, de plus en plus de femmes poursuivent leurs études et aspirent à mener une carrière avec des responsabilités.
L’allongement du congé paternité est un pas de plus, vers cette prise de conscience collective. Je pense qu’avoir un enfant est une affaire de couple, pas uniquement de femmes !  Les pères doivent aussi porter cette responsabilité…

Que peut apporter une femme à l’entreprise ?

On s’est rendu compte que les décisions ne sont pas prises de la même façon lorsqu’une femme siège à un comité de surveillance. L’ancienne ministre Christine Lagarde a même évoqué, sous le ton de la boutade, que si la banque Lehman Brothers s’était nommée Lehman Sisters, il n’y aurait pas eu de crise des subprimes ! Tout cela pour souligner que les femmes font preuve de davantage de tolérance, d’écoute et d’empathie. Elles vont au fond des choses et ne prennent pas de décisions arrêtées, sans écouter toutes les parties. Elles ont également une certaine intuition et une intelligence émotionnelle.
A mon sens, le lourd héritage patriarcal que nous traînons depuis des siècles tend à figer les hommes dans des postures dont ils doivent se libérer…

Quelles sont les principales missions de la Commission ?

Notre mission est vraiment de casser les stéréotypes et d’éveiller les consciences. Nous ne sommes pas dans un combat féministe, qui tend à prendre la place des hommes. Nous souhaitons un juste équilibre homme-femme. En soi, je ne suis pas pour l’égalité, mais pour la complémentarité. Pour nous, une entreprise vertueuse, c’est une entreprise, qui recrute une femme pour son expertise et ses compétences et non pour une histoire de quotas ou de législation…


Quelles sont les prochaines étapes ?

Dans un premier temps, nous avons adressé un questionnaire aux adhérents de la CPME Gironde pour leur montrer à quel point le combat n’était pas vain… En décembre, nous envisageons de créer une soirée spectacle, sur la base d’un texte genré, pour interagir avec la salle… Par la suite, j’aimerais organiser des journées de réflexion en entreprise, sur la nécessité de changer nos modèles. Le comble de l’histoire, c’est que notre Commission compte 10 personnes : 7 femmes et 3 hommes… La parité n’est pas respectée ! J’espère accueillir prochainement des adhérents hommes pour nourrir le dialogue et avancer ensemble.

CPME Gironde